Le secteur de laboratoire burundais connaît de grands défis

 

En marge de la célébration de la journée internationale des Technologistes Biomédicaux,  l’Association Nationale des Technologistes biomédicaux du Burundi (ANTEBBU) a organisé le 20 avril 2023 à Bujumbura une conférence de presse. A travers cette conférence, Emmanuel Hakizimana, président de l’Association ANTEBBU a indiqué que le secteur de laboratoire burundais fait face à des multiples défis

Emmanuel Hakizimana, président de l’Association ANTEBBU

« Le laboratoire médical Burundais fait face actuellement aux multiples défis et si rien n’est réglé,  l’avenir de la médecine au Burundi sera douteux », fait savoir le président de l’ANTEBBU.

Insuffisance du personnel dans les formations sanitaires en quantité et en qualité 

M. Hakizimana informe que le secteur de laboratoire rencontre des défis liés à l’insuffisance des professionnels de laboratoire spécialisés. Ce qui impacte la qualité des résultats de laboratoire.  Il précise que ce secteur ne dispose que  cinq docteurs professionnels de laboratoires et moins de dix professionnels de niveau master. « Presque tous ces professionnels travaillent au centre hospitalo-universitaire de Kamenge. A l’Institut national de la santé publique, le laboratoire national de référence ne dispose qu’un seul spécialiste de laboratoire », révèle M. Hakizimana.

Il regrette que certains centres de santé n’ont pas d’un professionnel de laboratoire or selon les normes et standards des laboratoires du Burundi : un CDS doit avoir au moins 2 professionnels de laboratoire de niveau A2 et 2 personnels d’appui ; un hôpital de district devrait avoir 4 professionnels de laboratoire de niveau A0, 4 de niveau A2 et 2 personnels d’appui ; un Hôpital Régional devrait comporter 12 professionnels de laboratoire de niveau A0 et 3 de niveau A2 ; un Hôpital National avec 52 professionnels de laboratoire  A0 ou plus, 8 de niveau A2 et 6 personnels d’appui.

M. Hakizimana regrette aussi que les professionnels de laboratoire de niveau Baccalauréat/Licence n’ont pas accès à la formation du 2eme cycle (Master) en sciences de laboratoire sur le territoire burundais.

M. Hakizimana révèle que le Burundi est le seul pays de l’EAC qui ne dispose pas d’un ordre professionnel qui régule leur profession de laboratoire. « Les professionnels de laboratoire du Burundi ne disposent pas d’un ordre professionnel. D’après M. Hakizimana, cet organe a le rôle de gérer et de réguler la profession  de laboratoire. Il veille si réellement les prestations offertes par les professionnels de laboratoires sont de bonne qualité et conformes aux normes de laboratoires.

Des conséquences peuvent surgir

M. Hakizimana fait savoir que l’absence de cet ordre provoque de nombreuses conséquences. « Tout le monde peut s’aventurier dans cette profession. Vous allez trouver quelqu’un qui n’a pas même de diplôme ou n’a pas même fréquenté le laboratoire en train de manipuler les résultats de laboratoire car il n’y a pas d’un organe qui régule la profession », regrette-t-il. Selon lui, Même les professionnels doivent avoir un recyclage car les sciences évoluent selon le temps. L’autre défi est que certains professionnels peuvent passer outre la déontologie professionnelle médicale, informe Hakizimana, et la conséquence est que les bénéficiaires ne peuvent pas avoir des services de qualité qu’ils devraient avoir quand les professionnels sont contrôlés et régulés par un organe public des professionnels.

De la mauvaise gouvernance

« Les services ou les départements de laboratoire sont majoritairement dirigés par les non-initiés en matière de laboratoire, une des causes de la mauvaise gouvernance dans ce domaine », indique-t-il. 

Selon M.Hakizimana, le laboratoire burundais ne dispose pas de ligne budgétaire : « L’achat du matériel et consommables des laboratoires des structures sanitaires est conditionné par le reste après avoir vidé les besoins en médicaments et en autres articles nécessaires». Et d’ajouter : « Malgré le financement de l’IDA à travers le  Projet Régional de Mise en Réseau de Laboratoires de Santé Publique en Afrique de l’Est (EAHPLNP), aucun laboratoire du Burundi n’est accrédité ». 

D’après lui, il y a la non intégration des professionnels de laboratoire dans les équipes cadres de BDS ou BPS, or le guide opérationnel de gestion du district sanitaire au Burundi, lequel préfacé par le Ministre de la Santé en Juin 2020, exige que l’Equipe Cadre de District doit être polyvalente le plus possible, ses membres doivent provenir de plusieurs domaines de la santé.

M.Hakizimana reconnait que les locaux de la majorité des laboratoires sont hors normes et n’offrent pas un cadre sécurisé, adéquat et optimal pour le travail du personnel de laboratoire : « selon les normes et standards des laboratoires du Burundi, un laboratoire du CDS devrait couvrir une surface de 74m2, un laboratoire d’un hôpital de district une surface de 152 m2  et un laboratoire d’un hôpital de référence une surface de 308 m2. Il reconnait également qu’il n’y a pas de plateforme de collaboration entre le public et le privé pour les questions de laboratoire.  Enfin, dit-il, il y a les problèmes en rapport avec la maintenance et le contrôle métrologique des équipements des laboratoires du Burundi.

Des voies pour résoudre certains défis

L’ANTEBBU demande au gouvernement de mettre en place une loi portant création et fonctionnement des ordres professionnels de laboratoire ; d’instaurer annuellement une journée nationale de réflexion sur l’avenir du laboratoire au Burundi où tous les intervenants en matière devraient se réunir  pour rebâtir le chantier. Cette association demande aussi de placer les professionnels de laboratoire dans les postes de direction des services ou départements en rapport avec le laboratoire et incorporer dans les équipes cadres des districts sanitaires ou provinces sanitaires des technologistes biomédicaux pour le développement de ces postes d’attaches ; de penser à ouvrir la formation du 2eme et 3eme cycle (Master &Doctorat) pour former les spécialistes du laboratoire afin de servir le pays dans le diagnostic, la recherche, la formation et le management; de redynamiser la relation entre le Ministère en charge de la santé publique et les associations professionnelles pour trouver ensemble les solutions des problèmes que disposent les professions médicales du Burundi, car dans tous les pays, ces associations savantes sont le garant de la bonne pratique et le développement de la profession pour l’intérêt des bénéficiaires.

Notons que cette association a déjà programmé différentes activités entre autres : l’ouverture officielle de la Microfinance des Technologistes Biomédicaux du Burundi (GROTEBBU-UMWITSA), la Campagne de dépistage gratuit de la population de Rumonge pour les différentes maladies chroniques comme la Goutte, le Diabète et l’Hypertension artérielle ainsi que  le don de sang (lesquelles activités vont commencer en province de Rumonge puis continuer dans les provinces de Kayanza, Gitega, Kirundo et Karusi).

 

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